Un geste simple d'une durée indéterminée de Laure Maternati



lundi 14 juillet 2008 à 17h06



Une journée nationale. Qu’en est-il du politique?
Il flottait en nous, autour de cette date symbolique, quelque chose comme un état de stupeur, comme si était répété, ce jour-là, le drame de l’élection présidentielle. Le geste simple de Laure est alors apparu comme un interstice, une irrégularité, un petit grain de sable qui suffit, ne serait-ce qu’à un niveau infime, à relever ce degré de conscience qui est nécessaire, et qui emporte ce minimum de courage où l’on s’expose en disant : «non». Le bafouillement est alors à la fois murmure et cri.
Laure Maternati n’a pas ouvert la compagnie et a collé sur le rideau de fer un petit papier jaune : la révolution n’a pas eu lieu pour cause de jours fériés.
Simplicité du geste de Laure, du petit rien intraitable (vraiment intraitable, irrécupérable par l’art contemporain comme complice).
Une boite en bois posée par terre sert à Laure à se hisser légèrement pour prendre la parole et lire intégralement le texte de Maurice Blanchot, Le refus.
Parole du refus assumé, partagé là avec ceux qui seront venus pour ce rien irréductible : peut-être n’étions-nous que quinze, mais quelques passants se sont glissés là parmi nous pour partager ce moment singulier : quoi ? un peu de colère. Une intransigeance. Un souci, une attention à l’instant dans ce qu’il a de décidable, de décisif. Le tranchant d’une parole qui ne renonce ni à la complexité, ni au poétique, mais qui au contraire en affirme la force vitale.