La case vide (de Thierry Kuntzel)

Alors que j'organisais la venue de l'installation The Waves à la compagnie (Marseille, Belsunce), et une projection des vidéos de Thierry Kuntzel, je suis aller chercher dans les cartons de Pierre Grise Productions (Martine Marignac) les meilleures copies des vidéos que je pouvais trouver. Et là, oh! surprise !, je tombe sur une toute petite vidéo que je ne connaissais pas, et dont tout le monde avait oublié l'existence. Thierry s'est souvenu : ce premier autoportrait, intitulé avec humour La case vide, il l'a fait à la paluche. Son visage est brulé par la lumière baveuse. C'est un hommage à la case vide dont parle Lacan dans le séminaire sur la lettre volée. Il faut toujours qu'il y ait dans la structure psychique une case vide pour que les autres cases puissent communiquer et circuler. C'est aussi une autodérision sur l'aspect conceptuel et minimal de la proposition (qui se renverse toujours, in fine, en affirmation dérisoire ; Thierry nous dit en somme : "je n'ai rien dans le cerveau", et désigne ce vide sur lequel repose tout sujet). Cet humour que l'on retrouve partout chez Thierry Kuntzel, et qu'il a laissé apparaître publiquement avant tout dans son autobiographie (dans le beau dvd-rom Title TK, éditions Anarchive, qui est le testament qu'il a laissé avant de mourir), est une façon de renverser ce qui dans le savoir universitaire, la culture, le symbolique, fait autorité, pour s'en servir tout en le rabattant violemment sur le réel. J'aime bien cette petite vidéo parce que sa durée insignifiante, la maintient vraiment au bord de l'invisible où elle s'est cachée si longtemps.